13 novembre 2006
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Nous sommes le lundi 13 Novembre 2006. Mais on pourrait être hier ou demain, ce serait la même chose.
Vous souvenez-vous quand vous étiez gosse, quand vous aviez 11 ou 12 ans et que vous pensiez à l'an 2000, comme cela vous semblait loin, presqu'irréel ? A cet âge-là, on croyait encore ce que les grands nous racontaient, on pensait qu’on aurait tous des R14 volantes, on fantasmait devant Pause Café tout en essayant de jouer au couteau avec Zora la rousse, on croyait encore que Karen Cheryl avait inventé la disco, que Georges Marchais allait être président et que Mats Wilander était très vieux. A cette époque-là, on était loin de se douter que ça se passerait ainsi, que la vie n'était en fait qu'une série de (apo)névroses à soigner, de frigo à remplir et de choses à recommencer encore et encore, faire, défaire, refaire. Et là, maintenant tu te demandes où tu as merdé. Où et quand est-ce que ça a dérapé ? Car, en réalité, tu as été sage la plupart du temps, tu as emmené ta petite soeur à ses cours de danse, tu n'as jamais oublié de fabriquer le collier de pâtes pour la fête des mères, tu as appris tes déclinaisons de latin, tu as eu ton bac, tu t'es inscrit à la Fac, puis à l'Anpe, tu as trouvé quelques jobs mal payés mais toujours tu y as mis de la bonne volonté. N'est-ce pas ? Quelquefois en tout cas. Alors ... ? Où et quand est-ce que ça t'a échappé ?
Alors... le temps a passé. C'est tout. Et insidieusement on se retrouve là, le lundi 13 Novembre, moi à l'écrire, toi à le lire. Ce qui m'amène à cette réflexion inscrite dans toute chose, inexorable, bientôt on ne sera plus là du tout. Et oui... "à la fin... " point de suspension. « A la fin on meurt ».
Mais on n’y est pas. Pas tout à fait encore.
Alors voilà on passe le temps. On joue aux cons, avec nos copin(e)s ou avec le feu, on gueule un peu, puis on boit un coup et on finit par se marrer. Il est pas d’heure, dehors il fait déjà nuit, c’est l’hiver ou presque, on bosse demain mais on s’en fout. On commande une bière, puis deux, on les enchaîne sans plus les compter, déjà il est minuit, on discute, on mate les culs, on se raconte nos nuits sans sommeil, dans 4 ou 5 heures on devra se lever mais on n'a pas envie d'aller dormir. On s'en fout.
On sort pour oublier, pour ne pas penser, pour nous protéger surtout mais tu sais quoi, on peut bien faire nos branleurs, on peut pleurnicher parce qu’on s’emmerde au boulot, parce qu’on n’a jamais assez de thunes, parce qu’untel nous fait chier, parce qu’il ou elle n’est pas là et qu’il ou elle nous manque, parce que rien n’est sûr, rien n’est gagné et que ça fait chier, on peut bien se plaindre et trouver que rien n'est jamais vraiment assez bien, assez ceci assez cela, en vérité on est des sacrés veinards, des bastards de bienheureux, c'est vrai on est là, à cette table qu’on ne quitte plus, c’est la cinquième bière déjà, il fait bon, on est entre nous, on gueule, on râle, on prend des résolutions qu'on ne tient pas, on se moque de tout le monde et de nous en premier, on boit des coups et au final on est bien.
Tu peux pleurer, tu sais, c’est pas grave, ce week-end je suis là, à nouveau là. On va aller boire des bières, on gueulera un peu plus fort et on dansera encore. On n'est pas encore mort et le deuil se fera malgré tout.